L'aspect économique
● A la production, le colza coûte moins cher à cultiver que le pétrole à extraire. Les investissements nécessaires pour prospecter les nouvelles nappes de pétrole, pour rechercher des sources inconnues dans des zones reculées du globe font eux aussi pencher la balance.
Par rapport à d'autres énergies renouvelables, le biodiesel reste un produit abordable financièrement.
● Sur l'étape de distribution, l'avantage des biocarburants, par rapport aux autres nouvelles énergies qui peuvent être utilisées, est que le réseau de distribution est déjà disponible. Les pompes pour l'essence, le diesel, ainsi que les cuves, les systèmes de stockage et les méthodes d'approvisionnement conviennent parfaitement à ces biocarburants, tout est déjà prêt. L'investissement national pour mettre en place cette énergie est donc beaucoup moins important (voire nul) que s'il fallait recréer de toutes pièces un maillage entier du pays.
Par rapport au diesel conventionnel il n'y a aucun gain particulier, peut-être même un surcoût car les conditions de conservation sont un peu plus strictes.
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● Sur le coût d'achat final, les prix sont très variables. Déjà par le fait que le pétrole et ses concurrents (donc par conséquent le diesel et le biodiesel) sont des énergies au prix instable selon les investissements réalisés, les nouvelles découvertes, les conditions du moment, et parce que c'est un marché mondial en évolution perpétuelle.
Le prix du diesel est surtout lié à celui du pétrole, celui du biodiesel un peu plus à celui du colza. Oui mais... le prix du colza varie selon le prix du pétrole, tout est en lien. Aucune moyenne n'est calculable.
En sortie de raffinerie, le biodiesel est 10 à 15 centimes d'euros moins cher que le diesel, mais le résultat à la pompe varie selon le chemin parcouru (nombre d'intermédiaires), selon les origines, selon les entreprises aussi, et selon les utilisations, s'il est mélangé et dans quelles proportions.
Dans les pompes qui vendent du diesel conventionnel (contenant de 2 à 5% de biodiesel), cette proportion de biodiesel n'a aucune incidence notable sur le prix.
● La consommation de surfaces agricoles est importante, c'est une conséquence directe et obligatoire de la production de biodiesel.
Pour mieux se rendre compte, un calcul simple est réalisable pour appliquer cette utilisation de surface à quelque chose de concret :
En prenant la moyenne d'un automobiliste français qui possède une voiture diesel, pour 17 000 km parcourus par an avec une consommation d'environ 6,8L/100km, ce sont 1 160 litres de diesel consommés. L'utilisation de biodiesel augmente très légèrement cette moyenne. Prenons 7L/100km, il faudrait 1 190 litres.
Or, en moyenne, avec un rendement moyen entre 35 et 40 quintaux/hectares de colza, on produit un peu plus de 1 550 litres de biodiesel environ par hectare. Il faut donc 0,75 ha de surface agricole dédiée pour faire fonctionner une voiture toute l'année.
Le parc automobile français total était de 33,2 millions de véhicules en 2009, ce qui demanderait 24,9 millions d'hectares destinés au biodiesel pour faire fonctionner ce parc, 17,5 millions d'hectares lorsque l'on ne comptabilise que les véhicules qui fonctionnent régulièrement.
Or, la France ne possède même pas cette surface. Selon l'INSEE, la surface utile exploitable totale française (SAU) est de 25,2 millions d'hectares, mais avec les prairies, jachères...
En réalité la surface de colza cultivée en France est de 1,2 millions d'hectares, pour seulement 300 000 ha consacrés au biodiesel. 300 000 hectares sur plus de 20 millions demandés, si nous remplacions totalement le diesel aujourd'hui, seulement 1% de la demande serait couverte par l'agriculture française.
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● Réserver des hectares de terres cultivables spécialement pour fabriquer du carburant peut poser un autre problème : les surfaces cultivées le sont pour créer du biodiesel, alors qu'elles pourraient servir pour des produits alimentaires. Les difficultés rencontrées pour la production d'un produit alimentaire ou d'un carburant influencent directement son prix de base. Seulement ici le biodiesel et la culture alimentaire se partagent le même moyen de production, une surface agricole.
Si l'on consacre une surface au biodiesel, la culture (colza, tournesol...) va devenir plus chère dans le domaine alimentaire car moins répandue et produite en moins grandes quantités. Mais si l'on consacre cette surface à l'alimentation, alors le biodiesel fabriqué à partir de cette culture va devenir plus cher car moins répandu et produit en moins grandes quantités.
Le problème est donc sans fin, et c'est une question d'ordre social qui en découle : Les exploitations agricoles doivent-elles fonctionner pour nourrir les Hommes, un besoin primaire, ou pour leur permettre de se déplacer, un besoin secondaire ?
Doit-on privilégier la survie de la totalité de la population mondiale (qui ne cesse d'augmenter), ou bien tenter par tous les moyens de protéger notre planète et construire un modèle de vie selon un développement durable ?
● Chacun pourrait apporter des réponses différentes sur des questions aussi larges :
Par exemple on peut penser qu'il est peut-être possible de trouver un juste milieu entre alimentation et production d'énergie.
Si ce juste milieu n'existe pas, privilégier les besoins secondaires des pays plus riches qui peuvent y accéder financièrement, à la place des besoins primaires de populations pauvres est un « crime » et révèle plus que jamais les inégalités qui peuvent exister dans le monde.
A moins que la démarche soit totalement nouvelle et consiste à repartir de zéro : Changer notre mode de vie actuel où certains doivent survivre, retrouver un système d'égalité aussi bien économique que social ou écologique. Avec le biodiesel, cela consisterait notamment à arrêter de manière définitive l'utilisation d'énergies fossiles pour les énergies renouvelables (dont fait partie le biodiesel). Seulement un tel changement à ce jour, avec les technologies actuelles, délaisserait beaucoup de populations moins aisées et moins développées que d'autres. Avec le biodiesel qui remplace une alimentation de base, le sacrifice serait terrible.
Avec ce problème alimentation / énergie, on peut donc être entraînés dans des réflexions importantes mais très larges et parfois très lointaines...
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